lundi 24 février 2014

Avant

|ainsi parle la vie murée dans la vie|
Yves Bonnefoy – les planches courbes


Mon paradis perdu dans mes épaisseurs
Dans le mot
Dans la qualité, la ressource
Le langage

Je t’ai manqué comme si -
   Demeurent

Nos silences.

Note autobiographique :
Un revolver sur ma tempe
Une maison
Ta main, multiples d’en –
Palpitations du vivant.

Mère

C’est une ressemblance
Un Rêve au bord de la rivière,
Une histoire belle, dans la main, dans la main
Le galet jeté juste-là
Miroirs carencés de printemps
Paradis de larmes, rivières - dedans, charriées
D’il.
        Le père.
Et on reprend des chansons sans histoire
Sans place pour soi, on
Ne reprend rien qu’avant
On pleure
Des autres, des soi, dans le souffle
On fait semblant




je ne sais plus, je suis séparée, j’écris.

Perdre

Ce soir, le présent est dans mes mains
dans ma voix la frayeur
Je ne veille pas.
je veux revenir avant  -  quand
tu étais devant moi
quand je posais mes lèvres sur ton front
quand tu étais  -  mon espace
Ils me demandent mon nom
je t'appelle
la bouche sans une présence
dans la chute     par quelle lettre
Dans le lieu où tu es
dans mon lien
s'épelle, mon enfant.

Veille

J'ai lavé les draps de notre lit ce matin en lisant Tarkos
J'ai ouvert les volets pour de mêmes ombres
J'ai plié, j'ai enfermé
le peu d'air de nos souvenirs blancs
 une chaïne disait-il!
J'ai claqué la porte

Volets Clos

Il y a un vacarme ce soir au-dessus
Et même plus bas
Dans l’escalier, l’ascenseur
On entend par intervalle le bruit des portes
Une-à-une, étage par étage.
La fenêtre close depuis plusieurs mois, ouverte
Et des pas, des cent pas, qui vont, viennent
Je sais qu’ils recueillent une solitude arrachée
Au silence, à l’oubli
Avec peu de mots, un téléphone, un numéro d’identité
Pour un mort depuis quinze jours.